Mes trois principaux canifs métalliques. Le Clipper est un couteau italien de marin. Il est entièrement fabriqué en acier ; la lame est en inox, le manche et les pièces mécaniques sont chromées. La lame est extrèmement tranchante grâce aux serrations.

Au milieu, un Baraka, cousin du Douk-Douk fabriqué par Cognet à Thiers. Le manche est recouvert d'une sorte de chromage très résistant. Des trois, c'est lui qui a la meilleure qualité et la meilleure finition. La lame, d'un tranchant impeccable, est en acier au carbone de très bonne qualité.

Enfin, en haut, une curiosité, achetée très récemment : un Lecoeur. Gérard Lecoeur est connu pour ses livres sur les lames (voir les éditions Crépin-Leblond), mais il également commis ce canif. Fabriqué par Barillet à Gervais, on peut regretter la médiocre qualité de fabrication. C'est un couteau mécaniquement très intéressant et bourré d'astuces. Il descend en droite ligne du Douk-Douk (manche plié mais sans ressort...), mais il n'assure pas ses promesses au niveau de la solidité de l'ensemble.

Un gros plan sur la bonne idée numéro une : une petite encoche dans le manche, correspondant au passage d'un axe robuste permettant une ouverture aisée d'une seule main.

Derrière la lame, on remarquera "l'oreille" qui fait office de "frame lock".

La lame est d'une forme très polyvalente, son tranchant est excellent. Hélas, sa faible épaisseur la rend un peu trop flexible.

Trop léger, lensemble du couteau fait un peu quicaillerie, et donne l'impression désagréable d'avoir été réalisé à partir de pièces détachées d'une Renault 14 de 1983...

Le marquage sur le manche. C'est ce qui m'a fait l'acheter sans hésiter, je dois l'avouer (bon, son prix ridicule - moins de quatre-vingt francs y était également pour quelque chose...).

Le renflement à l'arrière du manche sert à protéger la pointe de la lame, comme sur les Douk-Douk. Le principe du manche est également strictement identique à celui conçu par Cognet dans les années vingt, à l'exception bien entendu des petites astuces rajoutées et du trop faible espace laissé à la lame lorsqu'elle est rentrée. Pour une même épaisseur, et une lame plus épaisse sur le couteau de Thiers, il y a pratiquement un demi-millimètre de chaque côté, alors que la lame du Lecoeur est pratiquement en contact avec le manche. J'imagine que c'est pour une question de jeu, mais cela ne facilite pas la manipulation de la lame.

Un gros plan sur le marquage du côté droit. On aperçoit le sommet du clip, qui est directement embouti hors du manche. L'idée est plutôt bonne, dans la mesure où cela doit être industriellement assez simple à réaliser. De plus, cela ne rajoute pas de poids à un couteau dont le point fort est la légereté.

Il est dommage néanmoins que le clip soit aussi court (en un week-end, j'ai fait tomber une demi-douzaine de fois le couteau hors de ma poche). Il est par ailleurs assez compliqué de redresser un ressort de clip faussé lorsque celui-ci est fixe. Quand mes autres clips sont tordus, je les retire du couteau, et je les redresse sur un étau. Là, je pense qu'il va falloir y alelr au maillet.

La ligne intégrale du Lecoeur, vue du mauvais côté. On distingue le clip, placé sensiblement au milieu du manche, ainsi que l'oreille qui fait office de frame-lock.

Le profil de la lame est très beau, tout en étant très efficace et polyvalent.

Gros plan sur le clip et le système de blocage de la lame.

C'est une sorte de frame-lock, mais mécaniquement beaucoup plus simple.

Hélas, cela tient de la fausse bonne idée. En effet, après trois jours d'utilisation, l'isthme où se concentre la torsion du métal commence déjà à accuser des signes de faiblesse. Le nickelage s'écaille. On peut supposer que la nécessité d'une certaine souplesse à cet endroit à conduit à choisir l'acier médiocre qui compose le manche. Le nickelage sert visiblement de cache-misère.

L'idée est en soi excellente : une fois la lame éjectée avec le pouce, la petite pièce est forcée avec l'index (il vaut quand même mieux avoir un gros index...) vers la gauche. Ainsi, la pièce de métal se cale derrière la base de la lame l'empêchant de se refermer. Enfin, ça c'est dans la théorie, puisque dans la pratique, je n'ai jamais pu la caler de plus d'un dixième de millimètres, ce qui laisse une surface de travail assez faible. Ensuite, pour fermer la lame, il suffit de repousser le "ressort" vers la droite, et de faire pivoter la lame dans son manche.

La qualité médiocre de l'ensemble gâche les astuces de ce canif qui pourrait faire une intéressante évolution du Douk-Douk. Peut-être qu'une version de synthèse (retour du ressort dans le manche, disparition de l'entaille et de la pièce à bloquer la lame) pourrait connaître un certain succès. En effet, Lecoeur apporte des solutions rationelles et industrielles à des petits manques du Douk (en particulier l'absence de clip et de système d'ouverture à une main). Un coup dans l'eau, mais une curiosité mécanique.